- Antivrus sur la RTS: une émission en mode start-up
- Covid-19 va-t-il doper ou achever la presse?
- Comment la presse romande a gagné la première bataille
- L’OMS lance un robot pour stopper les fake news sur WhatsApp
- La disparition de la presse locale finit par augmenter les impôts. Voici pourquoi
- La SonntagsZeitung attaque le conseil fédéral en frontal
- 800’000 « spectateurs » assistent aux conférences de presse du conseil fédéral
- A Genève, une ONG recense les victimes du Covid-19 dans la presse
- Le graphique du Financial Times qui en dit (trop) long
- Quand le virus rend la presse créative
- Majority of the world’s countries are defenseless against Covid-19
- Coronavirus: pétition contre Tamedia qui finit par maintenir les salaires des journalistes
- Projet d’aide à la presse: tiède accueil de quatre réds chefs
- Comment la Tribune de Genève va couvrir la crise avec 1 journaliste sur 5 de moins
- Des logiciels pour surveiller les télétravailleurs
- « La rédaction de la RTS a été touchée au coeur »
- 20 Minutes perd la moitié de son lectorat
- Avec la crise, les jeunes plébiscitent une TV publique sous haute pression
- Médias: à bout de souffle mais si nécessaires
- Covid-19 is stirring a witches’ brew for journalists
- La presse post-virus face à son avenir
- Presse à la dérive: l’aide d’urgence est… remise à plus tard
- Le contenu du plan d’urgence pour la presse et ce qui l’a fait capoter
- Romaine Morard: “Je ne sors jamais la tête. Ca ne s’arrête jamais”
- Aide à la presse: espérons que les médias ne se saborderont pas
- The Covid-19 pandemic is being weaponized to suppress media freedoms
Romaine Morard: “Je ne sors jamais la tête. Ca ne s’arrête jamais”
Journaliste, présentatrice et productrice de La Matinale sur RTS La Première, Romaine Morard parle Covid-19, vit Covid-19, 24 heures sur 24. Elle dit ses convictions, raconte comment elle gère l’information et parfois ses inquiétudes. « Il ne faut pas se laisser submerger ».
Regarder l’entretien complet ci-dessous
“Je ne sors jamais la tête. Je me lève à 2h du matin. La première chose que je fais c’est de regarder les chiffres. Quand je me couche c’est plus ou moins le moment quand les chiffres tombent en France. Et je passe mes journées à lire des articles sur le Covid-19. Je dois avouer qu’à un moment donné, c’était presque trop, ca devenait angoissant. Les nouvelles étaient tout le temps mauvaises et il ne fallait pas se laisser submerger”.
Dans notre interview réalisée en visioconférence, Romaine Morard, (enfin) en congé pendant quelques jours, raconte comment fonctionne son émission en ces temps extrêmement perturbés. Il suffit de l’écouter dès 6h30,pour constater qu’elle résiste bien à la pression. Le ton est alerte, l’esprit affûté, les questions serrées avec une pointe d’humour, voire de dérision, pour ne pas écraser l’auditeur sous l’avalanche des mauvais chiffres. Elle nous dit comment elle voit sa mission d’information et celle du service public pour lequel elle travaille. Risque-t-on de perdre sa distance critique quand on reçoit à la chaîne politiques, officiels et bien d’autres interlocuteurs institutionnels sur un même sujet? “C’est un risque. Mais je n’ai jamais renoncé à poser une question que j’avais envie de poser”, notamment à Alain Berset qui fut l’invité de la Matinale vendredi dernier.
Romaine Morard est l’une des dernières à travailler en studio, isolée un peu comme si elle était en quarantaine à la radio, mais elle refuse de se laisser abattre: “Je n’ai déjà plus personne autour de la table, alors j’essaye d’avoir de l’entrain. (… ) L’auditeur, le téléspectateur n’a pas à sentir nos propres angoisses”.
“Nous relayons une information qui a de l’importance pour la santé des gens”. Je me suis dit au début de la crise que nous devons faire passer le message, arriver à expliquer ce qui est train de se jouer, parce que les conséquences seront énormes. Il y a un sentiment très fort du devoir, d’être à la hauteur de notre mandat (…) Tous les médias, nous vivons une période totalement étrange. On essaye tous de prendre des angles originaux. Mais à la fin, tous les médias ont fait un peu les mêmes sujets”.
Mais ne comptez pas sur Romaine Morard pour faire des “feel good” sujets, autrement dit des sujets “bonnes nouvelles”, juste pour détendre. “Nous ne sommes pas là pour plomber les gens, mais il faut d’abord informer le public. On est en train de vivre une crise, monstrueuse au niveau sanitaire, incroyable sur le plan économique. Pas de vaccin, pas de traitement. Ca va durer. On est peut-être anxiogène mais c’est la réalité du monde actuel.”
Interview Pierre Ruetschi, journaliste, directeur du Club suisse de la presse