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Coronavirus: pétition contre Tamedia qui finit par maintenir les salaires des journalistes
Frappé par la baisse de publicité massive dans ses titres due au coronavirus, Tamedia introduit sans tarder des mesures de chômage partiel diminuant ainsi le temps de travail moyen de 20% dans ses rédactions. Un peu vite au goût de certaines personnalités du monde du journalisme, de l’édition et autres milieux intellectuels qui, dans une lettre au PDG du groupe Pietro Supino, lui demandent de faire preuve d’un sens de la “responsabilité et de solidarité” en cette période. Ils ont lancé une pétition sur le site ACT Campax.
“Nous demandons à Tamedia de faire preuve de responsabilité démocratique et politique et de donner un signal aux autres entreprises quant à la manière dont la crise peut être surmontée de façon solidaire”. La lettre à Pietro Supino pour protester contre les mesures de réduction de temps de travail introduite dès lundi est notamment signée par Peter Studer, ancien rédacteur en chef de Tages Anzeiger, titre phare du groupe en Suisse alémanique, et ancien président du Conseil suisse de la presse. La décision de Tamedia (rebaptisé TX Group) a été révélée voilà une semaine par l’ATS: Tamedia a fait des demandes de chômage partiel qui touche l’ensemble de ses rédactions en Suisse mais pas seulement. En Suisse romande sont touchés: 24 Heures, Tribune de Genève, Le Matin Dimanche, lematin.ch et 20 Minutes. Les journalistes voient en moyenne leur temps de travail baisser de 20%. La baisse de salaire a dans un premier temps été limitée à 11% au maximum. Ce vendredi après-midi, un pas de plus, Tamedia a annoncé que que les salaires des employés ne subiraient aucune diminution, « cela moins jusqu’à fin juin », nous explique Patrick Matthey, porte-parole de Tamedia (TX Group). On ne connaît pas le montant attendu des aides de l’Etat. En ce qui concerne les pertes attendues à ce stade pour le groupe, le porte-parole affirme qu’elles se chiffrent en « dizaines de millions ».
Dans une lettre écrite sur un ton modéré, les pétitionnaires constatent: “alors qu’une grande partie de la population craint pour sa vie, sa santé ou son travail, que des citoyennes et citoyens créent des chaînes de solidarité, les propriétaires et la direction du groupe Tamedia ne pensent qu’à leurs propres intérêts financiers. Alors que la Suisse affronte en ce moment probablement la pire crise depuis la Deuxième Guerre mondiale, le groupe Tamedia puise sans réserve dans la trésorerie de l’État.”
A peine une semaine après le début du semi confinement, Tamedia a donc engagé des demandes auprès de l’Etat pour amortir les pertes escomptées. Les signataires de la lettre aussi bien que divers journalistes des rédactions estiment que cette précipitation pour réduire la voilure, alors que jamais la demande d’informations et le rôle de service public des medias privés n’ont été aussi importants, n’est pas digne du premier éditeur de presse du pays qui a dégagé d’importants bénéfices en 2019 et dans les années précédentes, notamment à travers ses plateformes de petites annonces.
Les rédactions ont subi déjà plusieurs restructurations ces dernières années. En cette période de coronavirus, tous les journalistes travaillent depuis chez eux dans des conditions compliquées et exigeantes. L’audience de l’ensemble des sites de presse sur internet explose, dans certains cas elle atteint plus de 150%. C’est au moment où la nécessité d’informations est historiquement la plus forte et que les rédactions travaillent à flux tendu que Tamedia décide de réduire sans attendre les capacités de ses équipes. A notre connaissance, ni Ringier (2e éditeur du pays), ni les autres principaux groupes de presse n’ont pour l’instant recours à de telles mesures. De son côté, le rédacteur en chef de La liberté Serge Gumy nous déclare que » les réflexions sont en cours, aucune décision n’a été prise.
Contacté par Keystone-ATS, cité par lematin.ch, M. Matthey souligne que le manque à gagner se chiffrera à «plusieurs dizaines de millions de francs» pour TX Group. «Plus la crise sera longue et plus les pertes seront importantes», ajoute-t-il. «Cette mesure a pour objectif de conserver les emplois à la sortie de la crise», explique M. Matthey.
Pierre Ruetschi, journaliste, directeur du Club suisse de la presse