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Quand le virus rend la presse créative
Jusqu’à la nausée, jusqu’à la mort. Le Coronavirus colonise nos vies, nos jours, notre presse. Alors cette dernière cherche par tous les moyens à raconter autrement la vie coronavirée. Remettre un peu d’humanité, de proximité surtout, dans la relation au voisin, à l’aîné devenu si distante. Un succédané à la poignée de mains et au hugs sans fin. Trois exemples d’une presse sous pression mais qui ne se laisse pas abattre.
Cinq quotidiens et un magazine se sont donnés la main pour écrire aux anciens, leur dire des mots doux, leur raconter une histoire. Chaque jour. Le premier à prendre la plume ce matin, c’est Serge Gumy, rédacteur en chef de la Liberté qui explique l’opération liant son journal fribourgeois au Quotidien Jurassien dans le Jura, Arcinfo à Neuchâtel, Le Journal du Jura (Berne francophone), Le Nouvelliste, en Valais. La Côte, basée à Nyon, et le magazine Générations. Après lui d’autres journalistes prendront le relais. Mais pas seulement. Il y aura un écrivain, une femme de théâtre, un sportif, une élue et bien d’autres annonce-t-il, pour ouvrir “une fenêtre sur la vie, au travers d’une simple lettre”. Belle initiative, solidaire avec les grands-parents au moment où on applaudit sur tous les balcons. Le ton est poétique quasi lyrique: “J’ai beau me faire bonne pâte dans ce pétrin tout relatif, mes jours sont mornes comme un jour sans pain. Ce pain dont les miens sont la tendre mie et dont vous êtes la levure….Vous êtes parents, grands-parents, et nous portons tous votre empreinte, génétique et digitale”.
La Tribune de Genève, elle, s’est décidée de recueillir “les confidences de confinés” sous les plumes de Frédéric Thomasset et Lauraine Fassle. Chaque semaine une série de portraits de confinés bien enlevés et sertis dans un joli “long form”, ce format spécial qui donne un cadre esthétique au récit à renfort de photos bien mises en scène. L’influenceur de luxe se raconte au chômage technique. Laura, 25 ans, rattrapée par le virus dans le Pays de Gex commente ses journées `passées entre famille et Facebook. Là, comme à la Tribune, elle livre sa vie et des scènes hors du temps hors du temps non sans talent photographique. On en est à la deuxième semaine. Il faudra tenir la distance.
Le Temps expérimente de nouveaux formats journalistiques. Pas question de faire des vidéos à distance sociale respectée et respectable. Alors on refile la caméra (pou plutôt l’Iphone) à l’interviewé. En l’occurrence, il s’appelle Charles et s’en va au front avec 8000 autres mobilisés de la troupe. Il filme lui, ses affaires, le voyage qui l’emmène à Airolo. Et là on se dit que le métier de web vidéaste n’est pas protégé parce qu’il se dérouille bien sa mission sous instruction des pros. Vidéo originale qui respire l’authenticité et fait plaisir à voir. Au générique, on découvre qu’ils étaient quand même cinq de la rédaction à lui tendre la perche et monter l’œuvre.
La crise aura au moins ça de bon: elle donne le virus de l’info et une créativité foisonnante à des journalistes qui sortent de leur zone de confort en restant chez eux.
Pierre Ruetschi, journaliste, directeur du Club suisse de la presse