Notes du débat “Covid-19 : Le vaccin est-il la (bonne) solution pour éradiquer le virus ?”
Notes du débat “Covid-19 : Le vaccin est-il la (bonne) solution pour éradiquer le virus ?”
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La Suisse et la plupart des pays du Nord (ou et industrialisés) ont commencé à vacciner leur population dès la fin 2020 ou début 2021. En dépit d’un nombre croissant de vaccins homologués, les campagnes progressent lentement. Les producteurs sont en retard sur leur plan Par ailleurs, comment expliquer les réticences à la vaccination manifestées par un quart, voire parfois un tiers de la population, selon divers sondages réalisés en Suisse. Faudra-t-il d’ici l’été imposer la vaccination pour atteindre l’objectif de l’immunité collective ? Des experts et personnalités du monde médical et académique ont échangé leur point de vue, complémentaire ou contradictoire, sur ce thème qui suscite les passions, lors d’un débat en ligne, organisé par le Club suisse de la presse, modéré par Pierre Ruetschi.
Elles et ils ont dit
Par Luisa Ballin, Journaliste
M. Alessandro Diana
Pédiatre FMH Maladies infectieuses FMH, Chargé d’enseignement à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève
(4.37) : « Le vaccin est une arme qui permettra, avec d’autres que nous avons à disposition, de combattre ce virus. En septembre 2020, tous les experts en vaccinologie, les développeurs, disaient que si l’on avait un seul vaccin au minimum à 60% au mois de mai 2021 cela aurait été un coup de chance. On a des vaccins qui ont mis la barre très haut, à plus de 90-95% d’efficacité ! Cela nous a tous bluffé ! Et nous en avons plus d’un à disposition ! Ce n’est pas seulement avec le vaccin que nous allons nous en sortir, mais aussi avec d’autres mesures ».
(29.41) : « L’hésitation et le doute sur la vaccination sont légitimes. Mais, jusqu’où peut-on faire part de nos doutes personnels ? Par contre, quand on est un personnage public, quand on a un rôle, jusqu’où peut-on faire part de nos doutes personnels ? La technologie, qui date de 15 ans est maitrisée. Un doute et une hypothèse ne sont pas une conclusion. Nous avons un doute, mais comment aller de l’avant ? »
Mme Sylvie Briand
Médecin, directrice du département pandémies et épidémies de l’OMS
(7.00) : « Même si nous avons des vaccins, ces vaccins restent en petite quantité. Comment faire pour utiliser ces petites quantités ? Le mieux est de vacciner les personnes à risque de faire des maladies graves, pour soulager les hôpitaux et leur permettre de continuer de prendre en charge les autres maladies qui n’ont pas cessé d’arriver…Pour les gens très fragiles, le vaccin est une aubaine. Et les campagnes s’évaluent en fin de campagne ».
(43.02) Être porteur du virus ne veut pas dire que l’on est malade. Cela veut dire que l’on va transmettre potentiellement ce virus à d’autres. C’est là où les stratégies de santé publique sont importantes. L’OFSP compte le nombre de gens porteurs du virus et le nombre de gens malades qui vont avoir besoin d’hospitalisation. C’est ce qui va permettre de définir la politique de santé et le nombre de lits nécessaires pour protéger ces gens. Il est important d’avoir des débats moins passionnels ou moins polarisés. C’est comme cela que nous trouverons une solution à cette crise. C’est une épidémie, une maladie nouvelle et notre population va encore la développer ».
Mme Samia Hurst
Médecin et professeur d’éthique à l’Université de Genève, vice-présidente de la task force Covid de la Confédération
(10.11) : « La vaccination est un choix laissé aux individus. La Suisse ne connait pas de vaccination obligatoire…À chaque étape d’essai clinique, il y a une pesée des intérêts, où l’on doit stopper dans le processus, un vaccin, un médicament, une innovation qui n’aurait pas fait la preuve de ses promesses, qui aurait trop de risques. Ou les deux ».
(33.05). « Les gens qui ont l’habitude (de ces situations), nous disent que nous vivons autre chose. Que l’on n’a jamais vu ça ! Cela a lieu malgré le fait que nos sociétés freinent contre la contagion. Et il y a quelque chose d’inédit : On n’a jamais eu un tel nombre de vaccins à l’étude en même temps, susceptibles d’arriver dans l’offre des médecins. Le choix pour les personnes va être plus important que d’habitude ».
Mme Astrid Stuckelberger
Privat-Docent de Médecine, Docteure en santé des populations de l’Université de Genève (qui s’exprime en son nom)
(21.20) « Les taux référentiels par rapport aux autres années, par rapport aux âges, aux baby-boomers montrent qu’il n’y a aucune différence…On remet les choses en place. Le virus dont on parle n’est plus le virus du Covid du printemps. Il y a eu énormément de mutations, énormément de variants, et donc le vaccin ne peut pas marcher ».
(36.58) : « Ce n’est pas du Covid que l’on voit aujourd’hui. Ce sont des grippes. On meurt plus vite d’une grippe qui a été plus virulente. On attend de voir les statistiques. Les urgences sont un goulot…Il ne faut pas écouter une propagande de marchands de vaccin que l’on ne définit pas ».
M. Philippe Saegesser
Docteur en Médecine, Anesthésiologie FMH, Ancien Médecin chef
(24.30) : « Ce qui a motivé ma demande de moratoire (du vaccin), c’est le principe de précaution. Deux mots me viennent à l’esprit : vaccin et crise…Nous ne sommes pas dans un vaccin classique. C’est un autre type de vaccin de celui auquel on a l’habitude. C’est un procédé génique qui a comme objectif de créer une résistance à une infection virale. On est dans une phase expérimentale. Cette vaccination à large échelle pose des questions en matière de protection ».
(46.50) : « La crise actuelle n’est pas sanitaire. C’est avant tout une crise politique et une crise de système de santé. Et une crise sociale terrible qui va impacter un certain nombre de personnes dans la société, entraîner une précarité importante et avoir des conséquences sanitaires sur ces personnes. Comment ces personnes vont-elles pouvoir se soigner quand elles n’auront plus les moyens pour le faire ? Pourquoi se focalise-t-on exclusivement sur le vaccin ?».