Le Club suisse de la presse – Geneva Press Club a pour mission d’accueillir et d’aider les journalistes de passage à Genève et de favoriser les échanges entre les milieux suisses et internationaux de l’économie, de la politique, de la culture et des sciences d’une part, et de la presse suisse et étrangère installée en suisse romande et en France voisine d’autre part.

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Elle et ils ont dit, du débat «Glasgow, le Sommet de la dernière chance ? »

Elle et ils ont dit, du débat  «Glasgow, le Sommet de la dernière chance ? »
Le 12 octobre, 2021
12h à 16h

Elle et ils ont dit, du débat «Glasgow, le Sommet de la dernière chance ? »

Par Luisa Ballin

Regarder le débat ICI

La conférence sur le climat qui s’ouvre à Glasgow le 1 novembre sonne comme la dernière chance de contenir le réchauffement de la planète en-dessous des deux degrés. Au-delà de cette limite, les effets du changement climatique ne seront plus maîtrisables, mettent en garde les scientifiques.  Quelles mesures doivent-être prises ? Quelles sont les chances de parvenir à un accord engageant l’ensemble des Etats ?

Pour débattre de ces enjeux majeurs, le Club suisse de la presse a organisé trois débats auxquels ont participés des diplomates, une parlementaire, des experts et des représentants de la société civile. Les discussions ont été modérées par Pierre Ruetschi, directeur exécutif du Club suisse de la presse, Frédéric Julliard, rédacteur en chef de la Tribune de Genève, et Michelle Langrand, journaliste à Geneva Solutions. 

« Concrétisons de manière crédible. Cela nécessite un changement. Nous avons les moyens, il faut la volonté de tous ».

M. Simon Manley, Ambassadeur de Grande-Bretagne auprès de l’ONUG

« Parler de la promesse de Paris et des objectifs de Glasgow. We need to address the pressing urgent, unavoidable need to take drastic action. This is not science fiction. What we need to do is to find the ways in which we can insure that we can level warming to 1.5 degree. We believe we have the mean to do that. We have the technology. It is a question of will. It is a question of action. International and collaborative action between governments, business, civil society. All of us. Citizens and consumers. The principal domains are adaptation. How do we make our societies less vulnerable to climate change? How do we finance this change?”.

M. Jérôme Bonnafont, Ambassadeur de France auprès de l’ONUG

« Pour nous, le succès de Glasgow est un impératif mondial. Un intérêt général de l’humanité. La science, le GIEC, nous a apporté la confirmation de la réalité du phénomène. Ce que nous dit le GIEC c’est qu’il n’y a plus de place pour le doute. La société civile s’est organisée et il n’y a plus de négociations climatiques sans une participation très ample de la société civile qui vient en pression des gouvernements qu’il ne faut pas diminuer, sous-estimer : pressions sur l’emploi, sur les finances publiques, sur la compétitivité…Les engagements pris à Paris n’ont pas été complètement respectés ».

« Face aux défis, il y a des États responsables. Le succès de la conférence de Glasgow est qu’il faut que les États s’engagent pour le succès de cette conférence ».

M. Stefan Ruchti, Direction environnement et développement durable, DFAE

« L’objectif de la Suisse est ambitieux, mais cela ne veut pas dire que l’on n’y arrivera pas. La Suisse est prête à faire sa contribution, on y travaille, même après la votation. Notre but reste le même de réduire les gaz à effet de serre de 50% jusqu’en 2030 en comparaison avec les niveaux de 1990 ».

« Il faut convaincre les gens de ne pas avoir peur. Il faut mettre davantage d’argent en faveur du climat. La Suisse a gagné son pari ».

M. Abdalah Mokssit, Organisation mondiale de la météorologie (OMM), secrétaire du GIEC

« Glasgow, sommet de la dernière chance ? Oui. Si l’on veut des résultant probants, cela nécessite une mobilisation comme celle-ci. Climate change et business plan. C’est ce qui est concret et c’est ce qui va pousser les gens à souscrire à cet effort pour le changement climatique et rendre le climate change comme un climate chance. Nous n’avions pas cette initiative dans le passé. Je souscris à ce qu’a dit notre éminente experte Valérie Masson-Delmotte que nous sommes peut-être un peu en dehors de notre rêve. Les diplomates, les décideurs n’ont plus le droit de dire : on ne savait pas ».

« Les phénomènes extrêmes ont mis à genoux tous les pays. Le Covid a démontré que l’on peut effectuer des changements en faveur du climat. Mais l’effet de mémoire est assez long. Glasgow ».

M. Martin Beniston, expert climat, professeur honoraire Université de Genève

« Une seule solution ne va pas régler la question climatique. Il faut la volonté politique qui va donner le ou les signaux et peut-être des choix technologiques dans le domaine de l’énergie, par exemple. Une multiplication de cas extrêmes montre que le climat s’est emballé probablement au-delà de ce qu’on imaginait en tant que scientifique il y a dix ou quinze ans. Il faut des investissements massifs et immédiats ».

« Il y a un manque de solidarité de la part des pays donateurs. Cent milliards seront insuffisants. Les COP qui succèderont à Glasgow devront réviser à la hausse les engagements ».

Mme Lisa Mazzone, Conseillère aux États de la Suisse, membre du Parti Les Verts

« Nous sommes dans un état d’urgence, proche de la catastrophe. Ce qu’on a pu vivre cet été était terrible. C’est un avant-goût de ce qu’on va vivre dans le futur. Les conférences internationales sont indispensables. Si on regarde en Suisse l’échec de la loi CO2 qui est très inquiétant et problématique, Nous n’avons pas réussi et heureusement qu’il y a Paris, qui nous a rappelé nos objectifs, à nos responsabilités, à nos engagements. Et qu’il y ait Glasgow pour mettre en œuvre l’Accord de Paris ».

« Il y a un effort à faire pour passer des discussions et déclarations feutrées à l’action. Au niveau de la Suisse, ce qui m’inquiète beaucoup, c’est de miser sur les compensations à l’étranger de nos émissions intérieures. Un principe qui n’est pas durable et économiquement pas intéressant. Qui est une faillite d’un pays riche qui devrait faire son travail intérieur et donner les moyens à son économie de se déployer, de faire sa transition et de développer l’innovation ».

Qui doit prendre quelles mesures pour atteindre la neutralité carbone en Suisse ?

 Antonio Hodgers, Conseiller d’Etat en charge du département du territoire(Genève) (Les Verts)

« Si on veut atteindre la neutralité carbone en 2050, il faudra que l’on se fixe des objectifs à tous les échelons : l’échelon international, le niveau national reste entier, notamment en ce qui concerne les taxes, de consommation, de carburant. Là les cantons n’ont pas de compétences, mais là où les cantons ont des compétences, c’est ce qui concerne le bâti, la mobilité, l’aménagement du territoire, la place de l’environnement et de la nature ».

« Si on veut réduire de 40% l’impact carbone en ville de Genève, il faudra prendre des mesures de circulation. C’est une question de volonté politique. Encore faut-il avoir le courage de le faire ».

Mme Cristina Gaggini, Directrice romande economiesuisse

« On va devoir électrifier notre parc « Nous souhaiterions dans un monde idéal, une ligne unique, directrice très claire. Nous ne souhaiterions pas en arriver à 26 climatiques cantonales. Nous avons besoin de beaucoup de prévisibilité, l’échec de la loi C02 en est la démonstration. Nous avons besoin de prévisibilité juridique et clarté de parce que bon nombre d’entreprises opèrent sur plusieurs cantons. Nous regardons avec beaucoup de prudence les différentes annonces, d’urgence climatique. Une harmonisation, sans être extrêmement poussée serait préférable ».

« Il faut ouvrir les conventions d’objectifs à toutes les entreprises. On va devoir massivement électrifier notre parc automobile. On est, m’a-t-on dit, à 11% de véhicules électriques en Suisse. Il faudrait atteindre 90% d’ici 2050. Nos importateurs automobiles devront jouer le jeu. Ce sont des changements de comportement. La voiture n’est pas la pire des choses. Nous n’avons que 6000 bornes en Suisse. Il faudra adapter les infrastructures. Il va falloir aussi taxer l’essence ».

M. Kevin Grangier, Président UDC Vaud

« En tant que fédéraliste. Je suis conscient de l’importance du rôle des canton dans la question du climat. Aujourd’hui, ma conviction est que le diagnostic sur la planète dans tous les milieux significatifs en Suisse est admis. Quel traitement pour le patient planétaire ? Aussi longtemps que l’on restera dans une opposition entre écologie et économie c’est l’échec. C’est ce qui s’est passé le 13 juin dernier avec la votation sur le CO2. On ne perçoit le problème vert qu’avec des solutions rouges ».

« Il ne s’agit non pas d’envisager les choses avec des interdictions, avec des injonctions avec des taxes, mais avec de l’agilité et de l’innovation. Cela suppose aussi un cadre légal qui le permette. Je suis un prestataire de services dans le secteur tertiaire, nous avons réussi à réduire le nombre de kilomètres, car on a réussi depuis chez soi avec une connexion internet à être productif. Le secteur tertiaire est de 60-65 des actifs en Suisse. C’est le principal secteur où il y a des solutions à faire, mail il faut avoir un cadre légal suffisamment agile, mais ce n’est pas ce qui nous est proposé par le camp d’en face ».

Mme Caroline Marti, Députée au Grand conseil genevois, (Parti socialiste)

« Il y a une inégalité dans les efforts qui sont demandés. On demande des effort accrus à l’immense majorité de de la population à travers un certain nombre de taxes, mais qu’on laisse de côté un certain nombre de secteurs extrêmement polluants, comme les gaz à effets de serre, par exemple le domaine bancaire, de la finance ou des entreprises multinationales dans le négoce de matières premières.

« Pour qu’une taxe puisse porter ses fruits, il faut proposer à la population une alternative crédible. Il faut aussi aller vers des projets urbains ambitieux, de construction de logements qui réduisent leur impact sur l’environnement, en termes énergétiques, réfléchir aux matériaux de construction et sur l’aménagement des quartiers pour avoir une qualité architecturale, urbanistique et paysagère pour mieux vivre en ville malgré un taux de densité élevé pour éviter un étalement urbain qui a un impact très nuisible sur notre environnement ».

Comment accélérer le mouvement ? Face à face entre des pionniers de l’engagement pour le climat et de jeunes activistes

M. Jean-Valentin de Saussure, Vice-président de Swiss Youth For Climat

« Il faut y croire, il faut avoir de l’espoir pour agir. Des mesures ambitieuses doivent être prises en Suisse. Malgré l’échec de la li CO2, cela ne veut pas dire que la population ne veut pas de mesures pour le climat. Cela veut dire qu’il faut trouver d’autres mécanismes tout aussi ambitieux pour répondre à l’urgence ».

« Toutes les stratégies qui vont dans la direction du climat et qui sont non violentes sont bonnes Il faut amener une certaine pression de la société civile aux décideurs politiques parce que sinon cela ne va pas bouger. Il y une volonté commune d’agir, mais dans la mise en oeuvre cela diffère énormément. Chaque niveau d’action est nécessaire. Tout est complémentaire pour prendre les mesures les plus ambitieuses possibles ».

Mme Marion Lanci, jeune activiste pour le climat

« Croire et avoir de l’espoir de créer une société meilleure est la seule chose qui nous reste. Mais je ne suis pas sûre de croire encore dans les institutions surtout dans le système économique dans lequel on est. J’ai du respect pour vos engagements, mais dans ces 10-20 dernières années, il a fallu une pandémie pour que l’on ait une diminution des gaz à effet de serre. Il faut accepter que le système dans lequel on vit ne nous permet pas de prendre les mesures nécessaires et qu’il n’est pas en cohérence avec l’urgence climatique. Il faut prendre les choses en main et changer de direction ».

« Les principes ne sont pas à la hauteur de nos ambitions. On ne peut pas rester dans ce système. Nous avons une transformation de la société à opérer ensemble, car cela ne va pas dans la bonne direction et cela nous mène dans le mur ».

M. Alain Clerc, ancien responsable de la Confédération de la politique internationale pour l’environnement

« Des progrès indéniables ont été faits ces dernières années. On a pris conscience de l’environnement. On ne met plus en cause le constat des scientifiques. On a pris des mesures et on réduit nos impacts. Il y a un problème de langage qui détermine le contenu. Il est le même qu’il il y a une quarantaine d’années. Il n’est plus compatible avec les enjeux d’aujourd’hui. On n’est plus dans le problème des principes, il s’agit de prendre des décisions ».

« « Nos principes ne sont pas à la hauteur des besoins aujourd’hui. La question de l’eau, de la nature, de la biodiversité doit être traitée au même titre que les problèmes touchant le climat, mais avec un autre langage, non pas sur la base de principes mais sur la base de décisions. Le problème n’est pas de se limiter à la désobéissance, de participer à des conférences pour aiguillonner le débat ou avoir une influence sur les décideurs, mais que la jeunesse impose ses vues. Il faut que les jeunes s’imposent comme partenaires au même titre que les décideurs dans la négociation internationale ».

M. Philippe Roch, ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement et ancien directeur du WWF suisse

« Nous sommes dans une problématique complexe et on ne peut pas espérer résoudre ou avancer de manière efficace dans cette direction dans tenir compte de tous les aspects. Cela rend la tâche difficile c’est pour cela que ça prend du temps. L’attention pour le climat n’a cessé d’augmenter. C’est tout de même un succès d’une continuité d’un effort. Et cela suppose un effort pour rappeler cette question ».

« Bravo à la jeunesse de tenir le cap, de continuer à aiguillonner car on est loin du résultat. Il y a besoin d’une rupture radicale. Mais préparez-vous à un travail de longue haleine, qui va demander beaucoup de sacrifices et beaucoup d’efforts et aussi beaucoup de joie. Il faudra améliorer la gouvernance, les mécanismes de décision. Il faut maintenir la pression sur l’ensemble des pays ».

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