Les ONG sont-elles complices des passeurs de réfugiés en Méditerranée?
Les ONG sont-elles complices des passeurs de réfugiés en Méditerranée?
Au cours des derniers mois, la pression sur les ONG tentant de secourir les réfugiés à la dérive en Méditerranée est encore montée d’un cran. Trois ONG (Médecins sans Frontières, Save the children et Jugend Rettet) sont accusées par la justice italienne de complicité avec les passeurs suite à une vaste enquête impliquant notamment un policier infiltré à bord d’un navire de sauvetage. 21 activistes, marins et responsables d’ONG sont assignés en justice. Les trois ONG ont dû renoncer à leurs opérations de secours. Et d’’autres l’ont fait avant eux. Elles sont accusées de faire le jeu des passeurs avec lesquels elles se seraient mises en contact direct pour récupérer leur cargaison humaine. Contre la possibilité de sauver des vies au large, ces ONG auraient permis aux passeurs de reprendre possession de leurs bateaux et d’échapper ainsi aux gardes-côtes. Une soi-disant pratique qui a fait dire à l’ancien ministre de l’intérieur italien d’extrême droite, Matteo Salvini, que les ONG étaient les nouveaux “taxis de la mer” au service des migrants. La procédure contre les trois ONG est en cours et pourrait durer encore de nombreux mois, voire années, tandis que les réfugiés abandonnés à eux-mêmes, fuyant les côtes libyennes, continuent de couler et mourir en Méditerranée.
Est-ce que ces accusations sont fondées? Comment ces navires opèrent-ils devant les côtes libyennes? Comment le nouveau gouvernement italien de Mario Draghi entend-il donner suite à ces mesures contre les ONG? Veut-on empêcher toute ONG de prendre la mer pour prêter assistance? A quelles conditions peuvent-elles désormais opérer? L’Europe peut-elle continuer de détourner les yeux de cette route maritime où les réfugiés s’abîment par milliers? Comment l’Union européenne peut-elle soulager l’Italie ou la Grèce, en première ligne, de la charge des rescapés?
Telles sont quelques-unes des questions que nous aborderons avec notre panel d’acteurs de premier plan de ce dossier. Se retrouveront face à face: le nouveau sous-secrétaire d’Etat italien aux affaires étrangères, Benedetto della Vedova, et le directeur général de Médecins sans frontières Suisse, Stephen Cornish. A leurs côtés, Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) en Italie ainsi que Seraina Eldada, ancienne médiatrice à bord de l’Aquarius, actuellement cheffe de projet au Geneva Center for Security Policy (GCSP).
Conférenciers
M. Benedetto della Vedova
Sous-Secrétaire d'Etat aux Affaires Étrangères de l'Italie
M. Stephen Cornish
Directeur général de Médecins Sans Frontières (MSF) Suisse
Mme Seraina Eldada
Médiatrice culturelle à bord de l’Aquarius (2018)
M. Flavio Di Giacomo
Porte-parole de l’OIM en Italie
M. Pierre Ruetschi
Directeur exécutif, Club suisse de la presse