La langue française est-elle menacée d’extinction à l’ONU ?
La langue française est-elle menacée d’extinction à l’ONU ?
Événement hybride, inscription requise (ci-dessous)
Le multilinguisme favorise la diversité et la pluralité au sein de l’ONU. Son respect matérialise l’égalité juridique entre les Etats et favorise une réelle démocratie internationale, condition essentielle d’un multilatéralisme inclusif auquel le monde aspire.
Mais si le Secrétaire général des Nations Unies a affirmé son engagement pour le respect du multilinguisme et sa vision d’une ONU multilingue, marquée par son universalité et sa diversité, la parité linguistique est loin d’être atteinte. La préférence manifeste accordée à certaines langues par rapport à d’autres devrait donc être éliminée.
L’Organisation internationale de Francophonie (OIF) a fait du respect du multilinguisme une cause qu’elle défend. Elle a mis en place un dispositif de veille, d’alerte et d’action pour la langue française et le multilinguisme dans les organisations internationales. Dans les mesures et moyens mis en place, les nouvelles technologies constituent-elles une innovation ? Face à l’omniprésence de l’anglais, la langue française est-elle menacée d’extinction à l’ONU ?
Elles et ils ont dit, du débat « La langue française est-elle menacée d’extinction à l’ONU ?«
par Luisa Ballin
M. Jérôme Bonnafont, Ambassadeur de France auprès de l’ONUG
Le multilinguisme et la francophonie en particulier font partie des fondamentaux du multilatéralisme.
Il y a le poids des mots. Le risque du monolinguisme nous exposerait au risque du malentendu, de la mauvaise décision internationale. Je ne crois pas que les langues soient amenées à reculer. Elles sont amenées à s’imposer de plus en plus dans leur diversité. Et il y a chez les francophones non Français, un orgueil à bien parler français. Il y a une qualité de langue chez ces locuteurs qui est exceptionnelle…Si nous voulons que le multilatéralisme fonctionne, il faut que les États membres de l’ONU acceptent de le financer et que la grille de répartition soit équitable entre tous. Le multilinguisme est une déclinaison du multilatéralisme.
M. Jürg Lauber, Ambassadeur de Suisse auprès de l’ONUG
Il y a peut-être une perte du français au niveau global. On a souvent constaté des retards dans d’autres langues que l’anglais, parfois dus à d’un manque de ressources pour les traductions de documents. Je suis convaincu qu’il faut continuer de maintenir l’esprit du multilinguisme au sein de l’ONU. Il est l’expression du respect de la compréhension des différents groupes culturels et linguistiques.
Il existe des parallèles entre la Suisse et l’ONU. Il y a un bon sens des diversités de langues en Suisse. Comme à l’ONU, lorsqu’on entre dans un bâtiment ou une salle de conférence. Il faut comprendre qu’il y a différentes cultures et différentes compréhensions. Il faut insister sur le multilinguisme. Et être conscients que beaucoup d’entre nous exprimons dans une langue qui n’est pas notre langue maternelle. Je l’ai vécu, cela crée des malentendus et même des tensions, lorsqu’on insiste sur la compréhension de telle ou telle phrase. Souvent, les réunions informelles à l’ONU se font en anglais. J’espère qu’en insistant sur la culture du multilatéralisme, on arrive mieux à comprendre qu’il y a différentes cultures et différentes compréhensions.
M. Georges Nakseu Nguefang, Ambassadeur représentant de l’OIF auprès de l’ONUG
Nous sommes dans une phase ascendante avec une nette progression de locuteurs du français. Mais des problèmes majeurs sont encore constatés et notamment dans les organisations internationales.
Tout est politique dans la vie. Il faut simplement savoir où on se situe. La langue française définit notre encrage dans la francophonie, c’est l’aspect culturel, celui du partage de valeurs. Au-delà de la langue française, il y a une vision du monde. Nous nous inscrivons dans cette dynamique : derrière la langue il y a la culture. Et des subtilités lors de négociations. J’ai reçu des délégations qui se plaignaient d’être handicapées dans le cadre de négociations informelles qui portaient sur des questions et des enjeux important. Il y a une vraie perte.
Mme Alessandra Vellucci, Directrice de l’information de l’ONUG
Le multilinguisme à l’ONU n’est pas mort. On peut rencontrer un problème dans la communication car il n’y a pas un budget pour qu’elle soit faite dans toutes les langues officielles.
L’anglais et le français sont les langues de travail du Secrétariat. Il y a un problème de traduction de documents dans les différentes langues. La traduction des documents est une question d’efficacité. Et pour être efficace, l’ONU doit être multilingue. Le français est la langue de beaucoup de missions de paix notamment dans des pays francophones d’Afrique. Si on ne traduit pas de document ou de communiqués en français, on ne peut pas parler aux populations que l’on sert. La technologie peut-être la clé pour essayer de résoudre un problème réel…Par ailleurs, les médias sociaux sont devenus un outil de communication dont on ne peut pas se passer. À Genève, le nouveau site web de l’ONU est complètement bilingue.
Conférenciers
M. Jürg Lauber
Ambassadeur de Suisse auprès de l’ONUG
M. Jérôme Bonnafont
Ambassadeur de France auprès de l’ONUG
M. Georges Nakseu Nguefang
Ambassadeur représentant de l’OIF auprès de l’ONUG
Mme Alessandra Vellucci
Directrice de l’information de l'ONUG
M. Pierre Ruetschi,
Modérateur, directeur exécutif du Club suisse de la presse